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L’important au poker… c’est peut-être aussi ce que l’on croit !

En France, le poker connaît une popularité fulgurante. L’apparition de nombreux sites internet et magazines spécialisés, ainsi que la programmation de tournois de poker à la télévision, montrent bien ce fort engouement du grand public. C’est un jeu combinant des cartes et des jetons représentant de l’argent fictif ou réel. Les combinaisons se font avec cinq cartes, on alterne des étapes de distribution de cartes et d’enchères. D’une manière générale, le but du jeu est de remporter les jetons de ses adversaires soit en constituant la meilleure combinaison de cinq cartes soit en faisant en sorte que les autres joueurs abandonnent les leurs.

 
Le poker allie des éléments de stratégie et de hasard. Le joueur prend des décisions en étant confronté à celles des autres, il s’agit pour lui d’analyser les situations en tenant compte de critères stratégiques et psychologiques, afin d’adapter au mieux son jeu. La maîtrise du poker suppose une prise en compte du moins « intuitive » des probabilités ainsi qu’une excellente connaissance de la psychologie du jeu et de celle de ses adversaires.
 
Se passionner pour la psychologie fera-t-il de vous un bon joueur de poker ? Certains croiront qu’un bagage en psychologie est un bel avantage à la table de poker… Hélas, il arrive souvent que les psychologues eux-mêmes soient plus doués pour analyser le comportement d’autrui et pour se pencher sur le leur à postériori, lorsqu’il est déjà trop tard pour rectifier le tir.
Alors, si la psychologie n’aide pas toujours à produire le comportement optimal au moment de jouer «un coup de poker», connaitre certains principes fondamentaux peut aider à être plus rationnel et à prendre de meilleures décisions au poker, comme dans la vraie vie…

 
Le champ disciplinaire qu’est la psychosociologie dispose de nombreuses théories permettant d’expliquer le comportement humain, certaines sont particulièrement pertinentes et en lien direct avec les conduites que l’on peut voir à une table de poker. En voici un rapide tour d’horizon.

S’entrainer à être plus rationnel
 
Faire preuve de rationalité est un processus qui nous permet de parvenir à être cohérent. Qu’importe ce que vous souhaitez faire de votre vie, devenir plus rationnel ne peut qu’aider. Malheureusement, nous produisons des comportements incohérents très souvent et sans même y prêter attention, la littérature scientifique les appelle des « biais cognitifs ». Un biais cognitif est une erreur prévisible due au fonctionnement du cerveau humain, chacun d’entre nous y est sujet.
 
Le déni : l’ennemi du joueur de poker
 
Se voiler la face est un frein à la progression. Vous connaissez certainement des joueurs qui prétendent être « bons » et accusent la malchance d’être à l’origine de leurs pertes. En agissant de la sorte, ce type de joueur ne remet pas en question sa façon de jouer et continuera à commettre les mêmes erreurs.
 
L’erreur fondamentale d’attribution (Ross, 1977) est un concept très étudié en psychologie sociale, facilement transposable au poker,  il s’agit de la tendance qu’ont les individus à surestimer les facteurs dispositionnels (explications internes) au détriment des facteurs situationnels (explications externes) dans leur analyse des comportements d’autrui. À l’inverse, nous avons tendance à attribuer nos propres actions à des facteurs environnementaux plutôt qu’à des motivations internes quand il s’agit de comportements ayant une issue négative. Les joueurs qui déduisent que leur adversaire est un piètre joueur lorsqu’il fait un choix qui s’avère perdant et qui, à l’inverse, se diront qu’ils n’ont décidément «pas eu de chance» quand vient leur tour de perdre sont victimes d’un biais d’autocomplaisance.  En réalité, ce type d’erreur de rationalité peut amener le joueur à être moins objectif au moment d’évaluer son propre jeu et celui de ses adversaires, ce qui peut bien évidement conduire à prendre les mauvaises décisions stratégiques.
 
Souvent aussi, les joueurs tentent de justifier leurs erreurs après coup, en cherchant à expliquer leur façon de jouer. C’est avant de jouer qu’il faut mettre au clair et verbaliser son raisonnement. Après avoir vu le dénouement du coup, il est tentant de prétendre avoir raisonné de telle ou telle façon et de se dire que, finalement, «c’était jouable même si ça n’a pas fonctionné cette fois-ci».
 
C’est ce que l’on nomme le biais de connaissance après les faits ou biais rétrospectif, il se définit comme « une projection de nouvelles connaissances dans le passé, accompagnée d’un démenti formel que le fait d’avoir été informé du résultat ait pu influencer notre jugement » (Hawkins et Hastie, 1990).
 
Poker et croyances
 
Les biais cognitifs et croyances entraînent chez nous une absence ou une prise en compte mineure des principes de bases des jeux de hasard tels que les probabilités ou encore le principe d’indépendance des tours. Chacun de nous développe et utilise malgré lui certaines croyances irrationnelles nous conduisant à nier la part de hasard. Même si nous connaissons les statistiques, les joueurs que nous sommes développent des fausses croyances et ces dernières ne sont pas dues à un manque de connaissance ou d’information concernant le jeu.
 
Le biais cognitif le plus fréquemment mis en évidence chez les joueurs est l’illusion de contrôle, définie par Langer en 1975 comme « l’attente d’un succès personnel significativement plus importante que la probabilité objective ne le garantit ». Elle nous amène à attribuer nos succès à des événements internes. Grâce à des comportements ou pensées superstitieuses, il arrive que nous pensions influer sur l’issue du jeu, niant ainsi la part importante de chance et de hasard. Par exemple, elle peut se manifester quand le joueur « appelle » ses cartes. Autour d’une table de poker, il n’est pas rare d’entendre des affirmations relativement irrationnelles, telles que « Les  9 tombent beaucoup ce soir, il faut les jouer ! » ou bien encore « Je sais que je n’avais que peu de chances de toucher ce tirage mais j’y croyais, je le sentais bien ».
 

 
L’influence du groupe
 
Il existe de nombreux autres biais tels que le conformisme quand l’influence normative nous pousse à faire les mauvais choix (l’individu suit le groupe parce qu’il cherche à respecter les normes établies par celui-ci), ou encore la paresse sociale (« effet Ringelmann »). Ils se manifestent lorsque nous sommes en groupe et c’est le cas au poker. Alors qu’il est réconfortant de sentir qu’on fait partie d’un groupe, ce besoin d’appartenance peut se révéler une erreur coûteuse à une table de poker.
 
Nous avons un besoin inné d’appartenance, nous tissons des liens avec des groupes, quel que soit notre statut social, notre groupe ethnique ou notre sexe. Le groupe nous procure un sentiment de sécurité ainsi que le soutien dont nous avons besoin. Cependant ce sentiment d’appartenance s’accompagne souvent d’un lourd tribut. En effet, ce lien très fort qui nous unit à un groupe peut nous empêcher de prendre les bonnes décisions.
 
Une table de poker se structure telle une société. Si vous souhaitez devenir un « as du poker », vous ne pouvez pas vous permettre de vous laisser influencer par une quelconque dynamique de groupe, par exemple, vous est-il déjà arrivé de passer rapidement la main parce que tous les autres joueurs de la table procédaient ainsi ? Si vous souhaitez pratiquer un poker gagnant, vous devrez aller à l’encontre des usages autour des tables de poker, c’est-à-dire vous dégager de l’emprise de la dynamique de groupe, sans quoi vous ne serez pas en mesure de prendre des décisions avisées. Toutefois, vous pouvez utiliser la dynamique de groupe des tables de poker à votre avantage. Une façon d’y parvenir est d’intégrer dans votre jeu des actions délibérées, mais atypiques et ainsi inciter vos adversaires les plus faibles ou les plus agressifs à commettre des erreurs.
 
Conclusion
 
En nous renseignant sur ce que sont les biais cognitifs mais aussi l’influence de nos croyances et du désir de conformité au groupe sur nos actions, la psychologie sociale nous permet de mieux observer les comportements. Ces biais exposés ici font partie intégrante de la nature humaine. Les croyances et certains comportements ou rituels les accompagnant peuvent participer au plaisir de jouer. Nous sommes naturellement enclins à nous engager dans ce type de comportements, s’en dégager demande du travail mais permettra de récolter des bénéfices sur le long terme. Analyser quelles sont les causes véritables de nos échecs et quels sont les leviers à actionner est essentiel car il s’agit de savoir reconnaitre nos erreurs pour pouvoir en tirer parti et avancer.
 
Coralie Valeix (Consultante IF Coaching)
et  Marie-Frédérique Vives
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour en savoir plus :
Site internet : http://www.clubpoker.net/croyances-liees-jeu/p-401

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